Laura, herboristerie traditionnelle et naturopathie sauvage au coeur de la Haute-Savoie

Laura, c’est avant tout une amoureuse de la nature et du vivant. Avec les Bourgeons de l’Ermitage, elle a pour but d’initier à l’utilisation des plantes médicinales au quotidien afin de l’intégrer comme un soutien holistique pour toutes et tous.

La Nature et le vivant comme fondements 

Tout au long de son parcours universitaire, jusqu’à son projet de thèse, Laura a toujours essayé de tisser un lien avec la Nature via ses thématiques d’études et de nombreux voyages de par le monde. « Quand je vivais au Brésil j’ai adoré partir à la rencontre des communautés rurales et locales et étudier leur mode de vie et mode de faire. » nous explique-t-elle. Elle a longtemps travaillé sur des thématiques de participation citoyenne dans les politiques publiques, mais aussi dans des programmes de gestion de la biodiversité. « Je me suis nourrie de toutes ces rencontres, tous ces échanges, pour aujourd’hui être la personne que je suis : curieuse de tout et souhaitant aider mon prochain ! »

En contact permanent avec la nature et le vivant, Laura vit dans un chalet dans les bois avec son chien, ses chats et ses poules et s’occupe de sa jument tous les jours. « C’est un besoin viscéral et vital de sentir l’air sur ma peau, de toucher et de communiquer avec mes animaux. Je n’envisage pas mon quotidien sans mes balades en forêt, écouter les oiseaux, croiser des biches au détour d’un sentier, humer les plantes et sentir la rosée du matin. Je me sens en connexion permanente avec la Nature. » En observant ses animaux, Laura perçoit les subtilités d’une communication non verbale via un regard, un hochement de tête, une posture… Ce sont toutes ces formes de langage qu’elle décrypte dans ses accompagnements de naturopathie en cabinet. 

Le chemin vers une santé naturelle et son partage

C’est à la suite de problèmes de santé que Laura commence à s’intéresser à la naturopathie. Alors qu’elle vit au Brésil, on lui diagnostique de l’hypertension et à 22 ans, accompagnée par un cardiologue, elle commence à prendre des bêta-bloquants. Sept ans plus tard, sous pilule pour calmer des douleurs gynécologiques, elle s’interroge sur le fait de prendre deux médicaments par jour à l’âge de 30 ans. Elle prend conscience que ni son cardiologue ni son gynécologue n’ont investigué pour découvrir l’origine du problème. Frustrée des consultations en coup de vent et se sentant peu accompagnée et écoutée, elle commence à interroger son alimentation et son mode de vie. « J’ai compris que mon hypertension était le résultat de ma prise de poids au Brésil et que cela impactait grandement mon métabolisme. » Laura dévore alors une multitude d’ouvrages sur la santé naturelle et parcourt internet à la recherche de conseils. Au bout de 8 mois de changement d’hygiène de vie, d’alimentation et d’activité sportive, elle reprend rendez-vous avec son cardiologue qui lui annonce qu’elle n’a plus d’hypertension, finis les bêta-bloquants !

Pour Laura, c’est une révélation. Surmenée en tant que salariée, elle envisage alors une professionnalisation dans le domaine de la naturopathie. Son objectif est clair : accompagner vers une santé naturelle via une meilleure hygiène de vie. Elle contacte alors Sabrina Millot (herbaliste, spécialiste des plantes sauvages et auteure) afin qu’elle la forme à la reconnaissance des plantes sauvages et médicinales sur le terrain. Elle s’inscrit ensuite en école de naturopathie tout en suivant la formation du cueilleur du Chemin de la Nature. A la suite, Laura intègre l’Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales (ELPM) pour une année d’aromathérapie scientifique afin de conseiller de manière sécurisée les huiles essentielles à ses futurs consultants. Elle se forme également auprès de Christophe Bernard à travers les formations en phytothérapie d’Althea Provence. « A ce jour, je n’ai pas trouvé mieux ! » nous confie-t-elle. Après avoir accompagné des êtres chers à diminuer les effets secondaires des traitements de leur cancer, Laura se spécialise en soins de support en cancérologie. Et puis tout s’enchaine ! Installation en cabinet en juillet 2022, intégration de la Guilde des Praticiens en Herboristerie suite à sa rencontre avec Marie Nauleau (vous pouvez retrouver son article ici !), enseignement en phytothérapie au CFPPA de Nyon…

Entre herboristerie traditionnelle et naturopathie sauvage

Au sein de son approche naturopathique, Laura utilise l’herboristerie traditionnelle, celle des formes brutes des plantes. « J’ai débuté mon approche de la santé naturelle par les plantes avec Sabrina, sur le terrain. J’ai appris à reconnaitre, à cueillir, à sécher, à transformer simplement. J’ai débuté l’apprentissage de la naturopathie en créant moi-même mes remèdes maison. C’est pour ça aussi que je me retrouve beaucoup dans l’approche et la pédagogie de Christophe (Bernard). Il faut apprendre à se réapproprier notre environnement. » Pour Laura, le vivant et l’énergie de la plante sont aussi importants que les propriétés biochimiques qu’elle va contenir.  « Une plante que l’on aura cueillie soi-même avec son cœur aura forcément un impact bénéfique sur notre santé, quelles que soient ses vertus médicinales, tant que l’on s’assure à 100% de l’avoir correctement identifiée. »

Lors d’une séance de naturopathie, Laura prend avant tout le temps d’écouter et essaye d’offrir à ses consultants ce qui lui a manqué dans son parcours de soin : écoute, empathie et considération des maux. « J’ai par exemple été en errance médicale pendant 20 ans pour mes douleurs gynécologiques, jusqu’à ma rencontre l’année dernière avec une sage-femme acupunctrice. »

La naturopathe tient à travailler main dans la main avec la médecine allopathique, une approche fondamentale pour elle. « Les accompagnements les plus poussés et bénéfiques sont ceux que je réalise en collaboration avec les médecins traitants de mes consultants. Ces derniers reconnaissent la complémentarité de nos approches car à aucun moment le naturopathe ou praticien en herboristerie ne se substitue au médecin. » Laura prend vraiment le temps de creuser : un bilan naturopathique dure en moyenne 2h. Elle y réalise une anamnèse en repartant du moment où la personne était dans le ventre de sa mère afin d’avoir un historique médical du consultant, mais aussi et surtout de voir sa psychologie, les épreuves traversées, ce qui a façonné sa vie et l’être qu’il est devenu. « Les maux psychiques influencent le physique et inversement. » explique Laura. Elle rédige ensuite le bilan, creuse des pistes non explorées par les médecins et prend vraiment le temps de chercher la cause au mal-être. « Et surtout je lie les maux physiques aux troubles psycho-émotionnels. Je fais confiance à mon intuition. Comme avec mes animaux, je prends le temps d’observer et d’écouter la personne. »

Laura nous explique qu’actuellement c’est la cancérologie qui développe le mieux ce concept de prise en charge holistique et intégrative du patient en ayant créé des « soins de support » avec certaines professions (diététicien, socio-esthéticien, psychologue,…), mais c’est également ce domaine qui est le plus décrié quand les naturopathes interviennent. « Je milite activement aujourd’hui pour cette approche pluridisciplinaire et respectueuse de toutes les pratiques. Elles ont fait leur preuve et sont mises en œuvre dans toute l’Europe, au Canada, aux Etats-Unis et ailleurs. La France a un immense train de retard là-dessus. »

Quelques bourgeons…

Les bourgeons, c’est le dada de Laura ! « J’adore la gemmothérapie car nous avons le totum de la plante, au moment où elle est en train de grandir et de se gorger de principes actifs ! Au moment où elle profite du soleil et de la renaissance du Printemps. Energétiquement elle est « pleine ». Et elle agit à la fois sur le symptôme, mais aussi sur la sphère psycho-émotionnelle et donc la cause ! »

Le bourgeon de Figuier : il contribue à l’équilibre de la flore intestinale, et à la réparation des muqueuses. Il régule le système nerveux central en cas de stress et d’anxiété. Il facilite l’endormissement et réduit les réveils nocturnes. Il aide aussi psycho-émotionnellement à lâcher prise dans les états de constipation.

Le bourgeon de Cassis : c’est un adaptogène et un anti-inflammatoire qui aide les corticosurrénales. Il va être d’un grand secours dans les périodes de fatigue intense. Il va aider les déséquilibres, le système immunitaire, la fatigue chronique et la détoxication générale de l’organisme. C’est aussi un antianémique. Il vient « relancer la machine » énergétiquement lorsque les gens sont à plat !

Et la santé naturelle des animaux dans tout ça ?

Pour Laura, la base c’est leur faire prendre l’air ! « On voit souvent chez les chiens des troubles anxieux qui se manifestent ensuite par l’apparition de pelades ou de troubles intestinaux liés à une dysbiose du microbiote (comme chez l’humain en fait !). Donc avant de penser à utiliser des huiles essentielles, des compléments alimentaires ou autres : simplement revoir l’alimentation et sortir son chien d’appartement, qui attend son maitre toute la journée dans un climat anxiogène et délétère pour sa santé. »  La naturopathe nous explique qu’il faut travailler avant tout sur les productions hormonales afin de gérer le stress et l’anxiété et ainsi avoir un effet sur la cause du symptômes et non un « pansement sur une hémorragie » en appliquant de l’hydrolat de Lavande ou de l’argent colloïdal sur des problèmes cutanés par exemple.

Son second conseil est l’utilisation de l’argile verte en interne et en externe pour la plupart des maux. « Il faut se souvenir que c’est en observant les animaux que nous avons déduit l’usage de la plupart de nos plantes médicinales et des différents types d’argile. »

Des sorties et ateliers autour des plantes médicinales

Laura organise des « Balades autour des plantes » où elle invite à découvrir l’usage naturopathique de nos mauvaises herbes locales. L’idée est d’apprendre à observer la Nature, se réapproprier notre terroir et faire usage de ressources locales. « Le premier confinement m’a beaucoup aidé à développer ce concept : comment trouver de quoi se nourrir et se soigner dans un rayon de 1km autour de chez soi ! » Elle propose aussi des ateliers d’herboristerie et de création de tisanes, à la découverte des plantes médicinales pour les petits maux du quotidien pour toute la famille.

En termes d’idées recettes avec des plantes sauvages, Laura propose de réaliser des tartes à l’Ail des ours, des beignets de fleurs de Sureau, des omelettes à l’Egopode… « Sinon j’adore me régaler d’Asperges sauvages (Ornithogales des Pyrénées) directement dans la Nature, crues, un régal pour les papilles ! »

Motivations et freins à l’exercice de la naturopathie et de l’herboristerie 

Pour Laura, sa motivation première est la passion. « On ne fait pas ce métier pour l’argent ça c’est certain ! » Ce qui la motive également grandement sont les échanges avec d’autres praticiens (la Guilde fait un travail remarquable pour cela !), voir l’évolution du métier et de notre rapport aux plantes. « J’adore aussi aller rencontrer des producteurs sur le terrain et pouvoir conseiller leurs produits à mes consultants : demain par exemple je vais rencontrer Elodie du compte @coeurnature qui est à 1h de chez moi, avec laquelle j’échange virtuellement depuis des mois et qui va me fournir en plantes médicinales pour mes ateliers herboristerie ! »

Le frein ? Les médias ! « Financés par des gros lobbys de l’industrie pharmaceutique et du médical, ils colportent de fausses informations affreuses sur notre métier et nous discréditent aux yeux du grand public. C’est un enfer ! Ne paraissent que des articles à charge contre la naturopathie ou les thérapeutes en santé naturelle/alternative. » « Les pratiques de santé naturelle font leur preuve et sont efficaces, alors il faut tenir bon face à ce déchainement de haine et se serrer les coudes ! Encore une fois, pour moi, heureusement que la Guilde est là ! Certains jours j’ai envie de tout arrêter entre la pression de la rentabilité financière (être à son compte en 2023 c’est juste ingérable !) et les attaques incessantes envers nous ! »

Vous pouvez retrouver Laura et les Bourgeons de l’Ermitage sur https://lesbourgeonsdelermitage.com ou sur Instagram @les.bourgons.de.lermitage

Propos recueillis le 26 février 2023

Un commentaire

  1. robiche68 dit :

    Encore un très bel article, merci !

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